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Pétrole, armement et diplomatie: Poutine en Inde pour une coopération dont l'étendue est "immense"
information fournie par AFP 04/12/2025 à 19:31

Un motard passe devant des portraits du président russe Vladimir Poutine, à gauche, et du Premier ministre indien Narendra Modi, à droite, à New Delhi le 4 décembre 2025 ( AFP / Sajjad HUSSAIN )

Un motard passe devant des portraits du président russe Vladimir Poutine, à gauche, et du Premier ministre indien Narendra Modi, à droite, à New Delhi le 4 décembre 2025 ( AFP / Sajjad HUSSAIN )

Vladimir Poutine est arrivé jeudi en ami en Inde, pays avec lequel il juge "immense" l'étendue de la coopération, dans le contexte des sanctions douanières imposées par Donald Trump en représailles à ses achats de pétrole russe en pleine invasion de l'Ukraine.

Le président russe, qui ne s'était plus rendu à New Delhi depuis 2021, l'année ayant précédé le déclenchement de l'offensive militaire qu'il a ordonnée sur le sol ukrainien, a été accueilli à l'aéroport de la capitale indienne par le Premier ministre Narendra Modi. Dans la soirée, il devait dîner en privé avec lui, en préambule à leurs entretiens officiels vendredi.

Vladimir Poutine, qui est accompagné de son ministre de la Défense, Andreï Belooussov - la question d'éventuels accords sur des avions de chasse et des systèmes de défense antiaérienne devant en principe être abordée -, a déclaré être "très heureux" de revoir son "ami" Narendra Modi, dans un entretien accordé à India Today avant son départ.

"L'étendue de notre coopération avec l'Inde est immense", a-t-il insisté, citant la construction navale et l'industrie aéronautique, l'énergie nucléaire et l'exploration spatiale.

Le chef de l'Etat russe a par ailleurs souligné que les négociations en cours avec les Etats-Unis sur l'Ukraine constituaient "une tâche complexe, une mission ardue que le président Trump s'est lui-même donnée". "Parvenir à un consensus entre des parties en conflit n'est pas chose aisée mais je crois que le président Trump s'y emploie sincèrement", a-t-il poursuivi, avant d'ajouter: "Je pense que nous devons nous engager dans cet effort plutôt que d'y faire obstruction."

Narendra Modi s'est de son côté dit "ravi d'accueillir (son) ami, le président Poutine". "Je me réjouis de nos échanges ce soir et demain", a-t-il écrit sur X.

"L'amitié indo-russe est une amitié éprouvée par le temps qui a grandement profité à nos peuples", a martelé le chef du gouvernement indien, publiant une photo d'eux deux prise dans la voiture qui les transportait.

Voici les principaux sujets au menu de leurs discussions :

- Pétrole

L'Inde est l'un des principaux importateurs de pétrole russe, à rebours des Occidentaux qui ont pris des mesures de rétorsion dans ce domaine à cause de la guerre en Ukraine.

En 2024, la Russie a livré aux raffineries indiennes 36% du brut qu'elles utilisent, selon la plateforme d'informations commerciales Kpler.

L'Inde, qui importe 85% de l'or noir qu'elle consomme, y a trouvé moyen de remplir ses cuves à bon prix. Mais les Etats-Unis l'ont punie en août d'une surtaxe de 50% sur ses exportations au motif que ces achats financent l'effort de guerre russe en Ukraine.

Donald Trump a assuré que Narendra Modi lui avait promis de renoncer au pétrole russe, en pleine tractations commerciales entre leurs deux pays.

Des passants devant des portraits du président russe Vladimir Poutine à New Delhi le 4 décembre 2025 ( AFP / Sajjad HUSSAIN )

Des passants devant des portraits du président russe Vladimir Poutine à New Delhi le 4 décembre 2025 ( AFP / Sajjad HUSSAIN )

New Delhi ne l'a pas confirmé. Mais les statistiques récentes montrent que les livraisons de brut par la Russie aux Indiens ont baissé.

"Nous n'avons aucun doute quant au fait que ces échanges bénéficient largement à l'Inde et sont avantageux pour les deux parties", a noté avant le voyage du président russe son porte-parole, Dmitri Peskov.

- Défense

Même si l'Inde s'est récemment tournée vers d'autres fournisseurs - dont la France - et privilégie les armes qu'elle produit elles-mêmes, la Russie reste une de ses principales sources d'approvisionnement en matériel militaire.

Selon l'Institut international pour la recherche sur la paix (SIPRI) de Stockholm, la part des équipements russes dans l'arsenal indien a reculé de 76% sur la période 2009-2013 à 36% en 2019-2023.

Tirant les enseignements de la confrontation militaire avec le Pakistan en mai, New Delhi a manifesté son intérêt pour l'achat de nouveaux missiles sol-air russes de type S-400.

"Il ne fait aucun doute que ce sujet sera évoqué pendant la visite", a affirmé M. Peskov.

La presse indienne a par ailleurs souligné l'intérêt de l'armée indienne pour le chasseur russe de 5e génération Su-57.

- Commerce

La Russie est le quatrième partenaire commercial de l'Inde avec des échanges bilatéraux d'un montant de 68,7 milliards de dollars - un record - sur l'année 2024-2025, d'après les statistiques officielles.

Mais leurs relations restent très déséquilibrées. Plus de 90% de cette somme - 63,8 milliards de dollars - provient des importations indiennes, pour l'essentiel d'hydrocarbures.

En retour, l'Inde vend à la Russie des machines-outils et des médicaments pour l'essentiel.

Les drapeaux indiens et russes à New Delhi le 4 décembre 2025 ( AFP / Sajjad HUSSAIN )

Les drapeaux indiens et russes à New Delhi le 4 décembre 2025 ( AFP / Sajjad HUSSAIN )

"Nous voulons diversifier nos échanges et faire en sorte de les rééquilibrer", a fait savoir un diplomate indien de haut rang s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

"Notre volonté est de maintenir et même d'accroître le volume de nos échanges bilatéraux", a pour sa part lancé Dmitri Peskov, "sans laisser qui que ce soit d'autre s'en mêler".

- Diplomatie

Le même diplomate indien considère que les relations de son pays avec Moscou sont "les plus stables des temps modernes".

Jusqu'à ce jour, l'Inde a évité d'ouvertement condamner l'invasion de l'Ukraine, tout en réussissant à maintenir ses liens avec l'Europe et les Etats-Unis.

Narendra Modi a rarement haussé le ton vis-à-vis de Vladimir Poutine sur ce thème, sauf en 2022 au cours d'une rencontre en Ouzbékistan, quand il avait exigé la fin de la guerre "le plus vite possible".

Il a depuis répété à de multiples reprises son attachement à un ordre mondial "multipolaire" et résisté aux injonctions occidentales à s'éloigner de la Russie.

4 commentaires

  • 19:51

    les BRICS ne sont rien d'autre qu'un agrégat pour qu'il y ait pas trop de lignes dans les tableaux comparatifs. Pour le reste, il n'y a aucune union ni aucune convergence d'intérêt. A part acheter à la Russie à bas prix ce qu'elle n'arrive plus à vendre ailleurs.


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